Search This Blog

Friday, October 23, 2009

Des lubrifiants pour moteurs à partir de plantes ?

Un projet de recherche international, regroupant 20 équipes de 11 pays différents, parmi lesquelles une équipe de l'Université de Bonn, va tenter de donner un avenir à la production de lubrifiants pour moteurs en utilisant des plantes. Le projet est en partie financé par l'Union européenne, mais implique également des partenaires des Etats-Unis, du Canada, de Chine et d'Australie.


Moteur classique à combustion interne V6 d'automobile

Par le passé, la source des lubrifiants pour moteurs était le cachalot. Le crâne de cet animal contient environ 2.000 litres de blanc de baleine ou spermaceti, un composé semblable à de la cire, particulièrement adapté à l'emploi comme lubrifiant. Il s'agit d'ailleurs d'une des raisons pour lesquelles le cachalot était activement chassé, jusqu'au bord de l'extinction de l'espèce. Des substances à base d'huiles minérales ont depuis longtemps remplacé le blanc de baleine.

Toutefois, la raréfaction de l'or noir réclame d'autres alternatives, comme l'utilisation de plantes génétiquement modifiées. Dans quelques années, les scientifiques devraient être en mesure de se servir de telles plantes pour produire des lubrifiants proches de celui obtenu à partir de spermaceti. Par rapport aux quantités de pétrole brûlées dans les moteurs de véhicules et les réacteurs d'avions, la consommation mondiale de lubrifiants pour moteurs est d'un ordre de grandeur 10 fois moins élevé. Il faut toutefois trouver des alternatives assez rapidement.

L'approche des chercheurs est prometteuse. Aujourd'hui, de nombreuses plantes produisent déjà des substances proches du blanc de baleine, des cérides. Ceux-ci recouvrent, par exemple, la surface des feuilles et y empêchent ainsi une trop forte évaporation. Toutefois, cette production est bien trop infime pour permettre l'emploi comme lubrifiant de moteur. "Nous voudrions amener les plantes à produire de grandes quantités de cérides dans leurs graines", indique le coordinateur du projet, le professeur Stymne de l'Université de sciences agricoles de Suède. Il suffirait ensuite de presser ces graines pour en récupérer le contenu et le purifier.

Les scientifiques veulent concrétiser ce souhait à l'aide de deux variétés de plantes proches du colza. Les graines de "Crambe abyssinica" et de "Brassica carinata" sont, comme celles du colza, riches en huile. Toutefois, cette huile se décompose si elle est exposée à de fortes températures et pressions. Son emploi dans un moteur est donc exclu. D'autres plantes oléagineuses ont aussi cet inconvénient. Une modification génétique pourrait corriger cela, selon Stymne: "Nous leur introduisons à cette fin des éléments du génome de l'arabette des dames, une autre plante qui produit des cérides à la surface de ses feuilles pour les protéger du dessèchement."

Le projet présente de nombreux objectifs écologiques ambitieux: les cérides sont des produits naturels, présents de toute façon dans de nombreux végétaux locaux. En outre, les deux plantes étudiées ne peuvent pas se croiser avec d'autres plantes. La demande en lubrifiants étant plus faible que celle en carburants, les chercheurs pensent que, contrairement au biodiesel, la production de lubrifiants par les plantes ne rentrera pas en forte concurrence avec la production alimentaire. Le Prof. Dörmann de Bonn explique son enthousiasme pour ce projet: "Afin de produire des lubrifiants à partir de pétrole, on a besoin de beaucoup d'énergie, alors que le traitement des cérides est bien moins compliqué

No comments:

Post a Comment

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...